Quelqu’un, quelque part, se met à raconter une histoire… et comme par enchantement,
tout le monde alentour se tait pour écouter. C’est le charme du récit qui opère,
si bien que chacun se retrouve comme suspendu aux lèvres du conteur. Jésus a usé
du charme du récit pour se faire entendre.
Mais dans quel but? Est-ce un bon moyen pour faire saisir aux esprits simples une
idée abstraite ? Jésus fut sans nul doute un bon pédagogue. Mais il faut tordre le
cou à cette idée que la parabole est une béquille pour les imbéciles. La parabole
fait partie d’un jeu, très sérieux, qui est le jeu de la communication. Elle n’enseigne
pas, car l’heure est à rencontrer le Dieu proche… elle n’enseigne pas, mais change
le regard sur le monde… La parabole montre le Royaume…
Il y a des paraboles qui tirent leur force de persuasion de l’évidence mais tout
à coup le regard est retourné, la compréhension de la réalité est changée.
Dans d’autres paraboles, le récit n’étale pas un fait qui va de soi. Au contraire,
l’histoire bascule dans le tragique ou le plus souvent dans l’extravagance. Les
personnages n’agissent ni selon les convenances, ni selon la justice, ni selon la
prudence…La parabole fait surgir de nouvelles possibilités… La parabole est une fenêtre
sur un monde nouveau.
Mais au nom de quoi Jésus déploie-t-il ces réalités insoupçonnées ? Au nom du Royaume
proche…
Le Royaume n’est pas pour Jésus une chimère, un fantasme d’au-delà… Il est proche,
si proche qu’il touche le quotidien. Si proche qu’il le pénètre déjà et se donne
à lire dans les initiatives de Jésus.
Ainsi donc, Jésus ne choisit pas des images simples pour expliquer des choses compliquées.
La parabole instaure le Royaume de Dieu comme un mystère à percer, comme une liberté
venue d’ailleurs.
* Cette présentation s’inspire du chapitre Changer la vie, dans Daniel Marguerat,
L’homme qui venait de Nazareth, Ed du Moulin, p. 33 à 41.